Un de nos correspondants nous communique

 

 

Les fascistes de Piazza Fontana acquittés

 

Alors que Libération de vendredi (12 mars) et le Monde de samedi (daté dimanche 14 mars) se font les vecteurs d’une contre-offensive idéologique de la part de militants de gauche italiens, d’un écrivain de talent et de grand renom (Magris) et d’une éditorialiste de la Stampa (Spinelli), les juges de la cour d’appel de Milan décidaient, le 12 mars, d’acquitter Delfo Zorzi (réfugié au Japon et citoyen japonais), Carlo Maria Maggi et Giancarlo Rognoni, condamnés à perpette pour avoir été les auteurs ou les complices de l'attentat de la Piazza Fontana en 1969. Le 12 décembre 1969, le premier attentat "aveugle", "de masse", italien était perpétré dans la banque de l'Agriculture, Piazza Fontana, avec 17 morts et 87 blessés. La police accuse dans un premier temps un cheminot anarchiste, Pinelli, qui sera suicidé par le commissaire Calabresi dans la nuit du 15 au 16décembre. (Voir la pièce de Dario Fo: "Mort accidentelle d'un anarchiste"). Puis c'est Valpreda, danseur et anar lui aussi qui est inculpé en même temps que Merlino. Les confessions d'un jeune dirigeant de la DC milanaise ouvre la piste de néofascistes : Freda, Ventura et Giannettini sont condamnés à perpétuité en 1979. Valpreda et Merlino sont innocentés, mais condamnés à quatre ans pour avoir appartenus à une association subversive (sic). En 1981, la cour d'appel décrète l'innocence de ces fascistes dansl'attentat. En 1987, deux autres fachos sont condamnés, Stefano delle Chiaie et Massimiliano Fachini. Deux ans plus tard ils sont acquittés tous deux. Un juge d'instruction de Milan, Guido Salvini, reprend une vieille piste d'extrémistes de droite : Delfo Zorzi, qui s'est réfugié au Japon, Rognoni, Nico Azzi, Paolo Signorelli, Sergio Calore, Carlo Digilio et Ettore Malcangi. Dans cette enquête, le nomù de Lucio Gelli (patron de la loge P2) sera souvent cité. Le 30 juin 2001, Zorzi, Maggi e Rognoni, sont condamnés à perpétuité.  Jusqu'au 12 mars dernier. Jeudi dernier.  Piazza Fontana a représenté un événement considérable en Italie. Cet attentat a été l'élément déclencheur de la "stratégie de la tension", orchestrée par les services secrets italiens avec des fascistes comme hommes de main; mise en oeuvre à la demande de la CIA directement et par l'intermédiaire de GLADIO;  soutenue par une partie de la DC; appuyée par la loge P2. L'objectif était de limiter l'influence du PCI, de créer la peur, de combattre tout ce qui combattait l'ordre établi, dont le puissant mouvement syndical et le mouvement étudiant.  Ces responsabilités sont aujourd'hui établies historiquement. Mais pas encore reconnues sur le plan judiciaire, 35 ans après. La Piazza Fontana reste encore aujourd'hui un attentat sans coupable.

 

Gazette n°16