La
Gazette
Asile donné, asile respecté n°32 – 06/09/04 "Je n'ai jamais tué et je peux le
dire les yeux dans les yeux aux parents, aux victimes, aux
magistrats" COMMUNIQUE
DU COMITE DE SOUTIEN DE PICARDIE
D'autres textes individuels et plus longs suivent ainsi
que des lettres personnalisées adressées à Jacques Chirac et aux Préfets. Des
initiatives plus originales, mais non divulgables, sont également
lancées.
Que des sinistres individus, habitués à cultiver leur
instinct de mort et leur goût du pouvoir, jouent les urubus autour de cette
affaire, voilà qui ne nous étonne pas. Mais que des gens d'une autre
sensibilité, ayant parfaitement connu cette époque (les années de plomb) se
drapent aujourd'hui dans une droiture moraliste indignée et se payent une
virginité démocratique bon marché sur le dos de notre ami, c'est
insupportable. Et que dire de cette trop grande indifférence face à
un État qui déraisonne et revient sur sa parole ? Ce concert liberticide est inacceptable ! Cesare n'a
pas accepté, bien lui en a pris. Il a beau crier qu'il n'a pas tué, on veut
tellement qu'il ait tué; ainsi l'histoire serait pliée. Eh bien non,
détrompez-vous : ça n'est pas fini et ça ne finira pas comme ça ! Honte à vous
qui avez décidé de ce gâchis et de ces dégâts afin de profiter d'un marché
maffieux. Nous combattrons cette injustice et le "terrorisme"
de la désinformation qui s'est illustré sur ce sujet jusqu'à notre dernière
énergie. C'est même loin d'être fini. Courage nous tous ! Amiens, vendredi 3 septembre 04 LETTRE AU PRESIDENT CHIRAC Monsieur le Président, C'est avec la plus profonde consternation que j'ai appris en juillet dernier la décision de justice rendant Cesare Battisti extradable. C'est avec un sentiment de tristesse plus grand encore que je vous ai entendu vous exprimer sur cette question. Vous avez déclaré à des journalistes, en substance, que s'agissant d'actes terroristes, et s'agissant d'une demande d'extradition provenant d'une démocratie, il n'y avait pas lieu de ne pas accéder à cette demande. Au nom, donc, de la démocratie, il conviendrait d'imposer à la justice française, par décision politique, de rejuger la chose jugée? Au nom, donc, de la démocratie, il conviendrait d'affaiblir la fonction présidentielle, en foulant au pied la parole du Président de la République précédent, en s'exposant dès lors au même risque, en rendant dès lors la parole présidentielle d'aujourd'hui sans valeur pour l'avenir? Au nom de la démocratie, il conviendrait d'assujettir la justice au politique, de légitimer des tribunaux d'exception? Au nom de la démocratie, enfin, il conviendrait en résumé d'accomplir des actes dangereux pour la démocratie?La fin justifierait donc les moyens? À se draper ainsi dans l'écorce de la démocratie, on s'expose à la vider en même temps de son contenu .À oublier que si le vote est consubstantiel à la démocratie, d'autres principes doivent également la consacrer. Le respect des Droits de l'Homme, des traités qui les protègent et les consacrent, et partant, le droit à un jugement équitable, notamment. La Fédération de Russie se présente comme partie de ces autoproclamées démocraties .Quelle sera demain notre attitude à l'égard de réfugiés persécutés par monsieur Poutine?À l'aune de vos déclarations sur Cesare Battisti, nous ne pouvons que ressentir la plus grande inquiétude à ce propos. Je ne sais pas si l'Italie de Mr Berlusconi, allié de l'extrême droite, qui traite volontiers ses opposants européens de "kapos", qui modifie les lois qui le menacent personnellement, je ne sais pas donc, si cette démocratie là est une authentique démocratie, pas plus que je ne suis tout à fait certain que l'Italie des années de plomb ait été une authentique démocratie. Ce que je sais, par contre, c'est que si nous extradons Cesare Battisti, nous nous serons affirmés comme partie de ce nouvel ordre mondial qui se prévaut de la loi du plus fort Ce que je sais, si nous extradons Cesare Battisti, c'est que la parole d'un Président de la République Française n'aura plus de valeur, pas plus que la chose jugée. Ce que je sais, c'est que nous aurons affaibli notre démocratie et ses institutions. Et que c'est un bien mauvais moyen de combattre le terrorisme. Après le 21Avril 2002, j'ai fait partie de cette multitude qui a choisi de voter pour vous, par devoir républicain. Aujourd'hui, je me demande bien si le sens de mon vote, tout comme celui de centaines de milliers de mes semblables, a été par vous entendu. Je crains que non .Cesare Battisti est désormais un homme traqué, aux abois. Et les valeurs d'asile qui ont longtemps prévalu sont aujourd'hui foulées au pied. Bien sûr, se soustraire au contrôle judiciaire est illégal, c'est un délit. Bien sûr. Mais rejuger la chose jugée, bafouer une parole donnée, n'est-ce pas l'arbitraire ? Desmond Tutu écrivit un jour avec justesse qu'il était juste de désobéir à des lois injustes. À l'heure où vous vous battez si justement pour sauver des confrères journalistes otages en Irak, j'en appelle à votre sens de la justice, très humblement, afin que soit respectée la parole de la France, celle donnée par votre prédécesseur au nom de notre peuple. Patrick Bard, photojournaliste, écrivain MESSAGE DE JACQUES MONDOLONIAyant
écrit le roman tiré du film "Les Milles" (Presse-Pocket 1995), qui raconte les
malheurs des internés, d'origine germanique, au camp des Milles, près d'Aix en
Provence, tous raflés au moment de la déclaration de la guerre, il me revient
que Pétain a remis ces exilés, qui avaient fui l'Allemagne nazie, à Hitler après
la défaite. Cela a constitué le fameux article 19 de l'armistice, et bien que
certains aient réussi à passer à travers les mailles du filet ( le peintre Max
Ernst, l'écrivain Lion Feuchtwanger....) la plupart ont été pris au piège. Le
film comme le roman met en scène le train affrété par un "Juste" ( le
commandant du camp) pour les sauver - parti des Milles il rejoindra non
sans mal le port de Bayonne, mais au dernier moment il échouera. Ce
qui arrive à l'ami Battisti fait penser, toutes proportions gardées, à cet
épisode honteux de l'histoire de France. Il a eu raison de se soustraire
aux autorités françaises qui l'auraient remis aux autorités italiennes, ne lui
laissant aucune chance. JUSTICE
TROP PRESSÉE… D’EXPULSER
par Francis
Zamponi Une "anecdote" qui démontre si besoin en
est que Cesare a eu raison de ne pas faire confiance aux magistrats de notre
pays devenus fort prompts à livrer en urgence à leurs collègues étrangers des
hôtes de notre pays. Meriem Abachi, 39 ans, vivait en France lorsqu'elle avait
été soupçonnée de complicité de trafic de drogue par la justice marocaine. Une
commission rogatoire internationale avait provoqué l'ouverture en France d'une
instruction qui s'est terminée par un non lieu en sa
faveur. Cela n'a pas empêché une cour d'appel
marocaine de la condamner par contumace à 8 années de prison et de réclamer son
extradition. Mère de trois enfants et enceinte d'un quatrième, Meriem a été
interpellée à Montpellier vendredi matin et placée le soir même dans un avion à
destination du Maroc où elle a été incarcérée. La justice française dans sa
précipitation à envoyer au Maroc une personne qu'elle avait pourtant estimé
innocente, n'a même pas pris le temps d'attendre le résultat des recours que ses
avocats ont déposé.
PARTI COMMUNISTE DE PÉRIGUEUX SOLIDARITÉ AVEC CESARE BATTISTI J’ai le plaisir de vous informer de la tenue d’une rencontre d’information et de solidarité avec Césaré Battisti réfugié depuis plus de vingt ans en France et protégé par le droit d’asile qui lui a été accordé la Justice française et la parole du Président de la République, qui est aujourd’hui menacé d’extradition vers l’Italie. La rencontre aura lieu le 24 septembre à 18 heures 30 à l’Espace Louis Aragon à Périgueux.avec Hervé Lecorre et Claude Mesplède, écrivains signataires du comité de soutien à Cesare Battisti, ainsi que Sergio Tornaghi réfugié italien.
Naturellement vous êtes invités à participer et à poser à nos invités les questions qui vous sembleront nécessaires. De plus amples informations sur le contenu de cette réunion vous parviendront dans les prochains jours. Cordialement, Jean
Paul Salon |