La Gazette                

Asile donné, asile respecté

n°26 – 02/07/04

 

 

Mes excuses à tous ceux qui ont reçu hier plusieurs gazettes. Mauvaise manipulation. Mes remerciements aux nombreux correspondants qui m’ont écrit pour me faire savoir qu’ils n’étaient pas démobilisés, mais qu’au contraire, nous devions poursuivre notre lutte en faveur de la non extradition

 

Informations à reproduire et à faire circuler

 

Message de Cesare Battisti

Paris, le 1er juillet 2004

 

Chers amis,

 Je souhaite aujourd'hui vous exprimer à tous mes plus sincères remerciements pour le combat que vous avez mené et que vous continuez à mener, pour votre soutien qui n'a jamais fait défaut malgré les revers que nous avons connu.

Vous avez toujours été à mes côtés durant ces derniers mois. C'est grâce à vous que, partout en France et en Europe, il a été possible d'entendre dans la tempête une autre voix, forte et sereine. Votre présence indéfectible me va droit au cœur et me donne la force, dans ces moments difficiles, de continuer à tenir le coup et d'espérer.

Je vous embrasse.                                                                                                                        Cesare


COMITE DE SOUTIEN DE BORDEAUX

 

Jeudi 1er juillet, réunion du comité de soutien à Bordeaux. Une idée intéressante est sortie : essayer tout au long de l'été de créer un mouvement autour de "Je suis une terre d'asile" c'est à dire je décide de me faire terre d'accueil pour tous les italiens que la France rejette aujourd'hui par la décision de justice.

 

Faire un communiqué, partant de la déclaration des avocats et recueillir le plus de soutien possible autour de la notion de responsabilité citoyenne et devoir d'accueil comme pour les sans-papiers et la  fameuse déclaration à la mairie qu'on devait faire de tout étranger. Mobiliser Amnesty sur le plan  international pour la cour européenne des droits de l'homme, le DAL au niveau national et leur réseau sur l'idée de droit d'asile, ouvrir au-delà du seul cas Battisti.

 

 Il a été suggéré d'essayer de trouver une entrée  pour Hourtin, fin août, qui est une sorte d'université d'été, et de nouveau demander le soutien de  personnalités et d'institutionnels, qu'ils se déclarent prêts à accueillir tout Italien rejeté par la France.


 

Une autoroute judiciaire

 

L'avis de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris nous "ouvre une autoroute judiciaire". C'est avec ce commentaire, recueilli par le quotidien la Stampa, qu'un magistrat du ministère de la Justice italien a commenté la décision de la cour d'appel de Paris, favorable à
l'extradition de l'ancien militant de l'extrême gauche transalpine, Cesare Battisti. "La décision de la chambre de l'instruction est inquiétante. Elle laisse clairement entrevoir une stratégie politique dans laquelle le gouvernement italien a joué un rôle central", dénonce de son côté le
député italien Mauro Bulgarelli, des Verts. (Extrait de la revue Amnistia)



 À lire aujourd'hui: "Affaire Battisti: Une justice sous influence" par Enrico Porsia

http://www.amnistia.net/news/articles/extrad/courbatt_106.htm

Découvrez le sommaire du journal: "Les enquêtes interdites"

http://www.amnistia.net//librairi/amnistia/ashisto.htm

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Comité de soutien du Languedoc Roussillon


 Ce que révèle l'affaire Battisti, et qui nous paraît très inquiétant, c'est la complicité de notre gouvernement avec les manœuvres de Silvio Berlusconi. Le chef du gouvernement italien, lui-même poursuivi par la justice, et qui traite publiquement les juges de « malades mentaux », a demandé à son ministre de la justice de lancer quelques magistrats responsables de la
législation d'exception des « années de plomb » sur la trace d'une poignée de réfugiés politiques,  ceux-là mêmes auxquels François Mitterrand a, voici presque vingt ans, permis de vivre en paix parmi nous.


C'est la « vérité » établie par les tribunaux italiens, il y a vingt-cinq ans, sur la foi de témoins à qui l'on a promis la liberté en échange de dénonciations, qui sert de fondement à nos décisions juridiques et politiques. La justice française, en se prononçant en faveur de l'extradition de Cesare Battisti, accepte de servir d'auxiliaire tardif aux tribunaux d'exception qui ont sévi en Italie au cours des années de guerre civile larvée.

Nous pensons que le droit d'asile accordé à Cesare Battisti depuis quatorze  ans ne peut lui être arbitrairement retiré : son dernier titre de séjour lui a été délivré le 11 avril 1997 sous le gouvernement d'Alain Juppé et la présidence de Jacques Chirac, et un courrier du ministère des Affaires étrangères daté du 11 février 2004 lui annonçait, après deux ans d'enquête et un avis favorable du ministère des Affaires sociales, du Travail et de la Solidarité, la prochaine parution au Journal officiel du décret portant sa naturalisation.


Il est devenu évident que l'enjeu de ce combat dépasse le cas du traitement inhumain qu'on réserve à Battisti, et que nous devons tous nous mobiliser encore davantage pour que notre pays ne devienne pas une république bananière.


Bernard Pasobrola (auteur), Lilian Bathelot (auteur)



Chirac favorable à l'extradition de Battisti


PARIS (AP) - Le président Jacques Chirac s'est déclaré favorable vendredi à l'extradition de Cesare Battisti, réclamée par les Italiens malgré l'opposition de la gauche française, lors du 23e sommet franco-italien à l'Elysée.


Le chef de l'Etat s'exprimait lors de la conférence de clôture du sommet, en présence du président du Conseil italien Silvio Berlusconi. "Si une personne a été condamnée pour des crimes, de nature terroriste en particulier, dans une démocratie et un Etat de droit, il est évidemment de notre devoir et de notre responsabilité de répondre favorablement à une demande d'extradition", a estimé Jacques Chirac. Il laissait ainsi clairement entendre qu'il
signerait le décret d'extradition si la Cour de cassation, saisie par les avocats de l'écrivain italien, ne donnait pas raison à M. Battisti.


L'ancien militant d'extrême gauche, réfugié en France depuis 1991, a été condamné en Italie pour le meurtre de quatre personnes entre 1978 et 1979. Cette semaine, la cour d'appel de Paris s'est prononcée en faveur de son extradition. Les partis de gauche français ont appelé Jacques Chirac à refuser de l'extrader, en vertu de la parole donnée en 1985 par son prédécesseur François Mitterrand. Celui-ci avait décidé de ne pas extrader vers l'Italie
les terroristes d'extrême gauche des "années de plomb" ayant rompu avec leur
passé.

"Le président Mitterrand avait pris position alors que la loi italienne faisait l'objet de débats, notamment sur le plan européen, en raison d'une certaine passion (...) qui existait en Italie", a noté Jacques Chirac. Or depuis, "la loi italienne a été changée" et elle a été jugée  parfaitement respectueuse des exigences des droits de l'Homme". "C'était donc un élément nouveau considérable", a estimé le président français. Néanmoins, "j'attendrai la décision de la justice, c'est-à-dire de la Cour de cassation, pour faire connaître la position de la France", a-t-il précisé. Cette prise de position devrait être bien accueillie en Italie, où
la classe politique toutes tendances confondues réclamait l'extradition de
M. Battisti.


Plus généralement, Français et Italiens ont cherché vendredi à afficher leurs bonnes relations, pourtant écornées depuis l'arrivée de Silvio Berlusconi au pouvoir et le soutien italien à la guerre en Irak début 2003. Ils ont décidé de se réunir régulièrement en séminaire gouvernemental pour débattre de sujets de préoccupation communs. "Le premier aura lieu au mois de septembre ou d'octobre, et il se tiendra en Italie", a précisé le président français.

M. Berlusconi a affirmé la "volonté italienne de collaboration avec la France, que nous regardons comme une deuxième patrie", alors que Jacques Chirac, évoquant des "nations soeurs", soulignait la "grande cohésion entre la position italienne et la position française" sur les questions européennes. L'Italie a obtenu de ses partenaires que le traité
constitutionnel soit formellement signé à Rome fin novembre dans "la même
salle" selon le chef du gouvernement italien, où avait été paraphé en 1957 le traité de Rome, fondateur de l'Union européenne.


"Nous avons décidé de continuer la main dans la main sur la voie de l'Europe, en particulier à l'occasion de la définition du prochain budget européen 2007-2013", a précisé Jacques Chirac à trois jours de la réunion du conseil européen des ministres des Finances.
Français et italiens ont également fait le point sur leurs coopérations en matière d'armement, d'aérospatiale, de sécurité et de lutte contre l'immigration clandestine ou sur la liaison ferroviaire transalpine.

 

 

 

 

 

 

 

Site d’archivage de la gazette 

 

http://cesarebattisti.free.fr