La
Gazette
Pour le respect de la parole
donnée n°23 – 03/06/04 Voici
deux communiqués publiés dans la nuit du 2 juin. Après en avoir pris
connaissance, reproduisez les et faites les circuler autour de vous.
FESTIVAL INTERNATIONAL DU ROMAN NOIR DE FRONTIGNAN du vendredi 4 au dimanche 6 juin Le comité Battisti Languedoc Roussillon tiendra un stand et appelle à une conférence de presse Samedi 5 juin, à 10 h En présence de : Fred Vargas, Claude Mesplède, Massimo Tramonte,
Carlo Roccella, Lilian Bathelot, Bernard Pasobrola COMMUNIQUE DE
PRESSE
Au mépris de l'autorisation de résidence accordée en
1985 par le président Mitterrand, l'actuel garde des Sceaux, M. Dominique
Perben, veut obtenir son extradition, ainsi que celle de deux autres anciens
activistes italiens réfugiés en France. Cesare Battisti a déjà été jugé en 1991
par la cour d'appel de Paris qui s'est prononcée contre
l'extradition. « Tant
d'encre a coulé pendant les mois de mars et d'avril [2004] sur l'affaire Cesare
Battisti que le premier des faits à pointer est précisément cette extraordinaire
démesure ; et la première des choses à faire de s'interroger sur sa raison même
», écrivait récemment Fred Vargas. De cette série d'interrogations est né un ouvrage, « LA
VÉRITÉ SUR CESARE BATTISTI », composé de textes et de documents que la
romancière a rassemblés afin de prouver « combien l'extradition de Cesare
Battisti constituerait une injustice profonde pour l'homme, un affront à
l'honneur de notre pays et de ses citoyens, et une faute gravissime au regard de
l'histoire. » Quelques jours après sa sortie en librairie, cet essai
se place déjà parmi les meilleures ventes. Le comité de soutien de Cesare Battisti du
Languedoc-Roussillon vous invite à assister à la présentation de ce livre, un
plaidoyer rigoureux en faveur du respect des droits de l'homme, du droit d'asile
et du droit à l'information face à « une propagande accusatrice et haineuse
strictement ciblée sur un homme qui, il y a un mois encore, était parfaitement
inconnu des Français. » 26 JUIN A PARIS
MANIFESTATION / CONCERT DE SOUTIEN
Théâtre de l'Oeuvre, 55 rue de Clichy, 75009 Paris en paroles et en musiques, à partir de 19 heures Sous le haut patronage de La Ligue des Droits de l'Homme et de France-Libertés, fondation Danielle Mitterrand
Il y a dix-neuf ans, par la voix de son Président
François Mitterrand, la France donnait sa parole d'accueillir et de ne pas
extrader les anciens militants rescapés de la crise italienne des années 1970.
Cet engagement solennel fut avalisé par neuf gouvernements successifs, de gauche
comme de droite. Parce qu'il avait confiance en cette promesse de notre pays,
Cesare Battisti se présenta, il y a treize ans, aux portes de la France. Il
était l'un de ces milliers de jeunes Italiens que la situation des années 70
avait lancés dans l'affrontement : dans un combat où des centaines de formations
d 'extrême gauche armée s'opposèrent au gouvernement, dont les services secrets
alliés à l'extrême droite perpétraient de multiples attentats à la
bombe. Comme bien d'autres, Cesare Battisti fut jugé en son
absence selon les lois " spéciales " de l'Italie d'alors, lois qu'Amnesty
International et la Fédération Internationale des Droits de L’Homme condamnèrent
sans relâche, et encore aujourd'hui, de même que les tortures qui les
accompagnèrent, concluant que "les autorités italiennes avaient violé tous les
accords européens et internationaux sur des procès équitables". Sur le modèle
médiéval, cette justice d'exception avait ressuscité la figure du " repenti ",
c'est-à-dire un accusé qui négociait sa liberté en échange de dénonciations.
Et c'est sur les seules " paroles " confuses et
variables d'un tel repenti que le jeune homme fut condamné sans preuve à la
perpétuité, comme tant d'autres, après une instruction durant laquelle treize
cas de torture furent avoués. En mai 1991, son dossier fut examiné par la justice
française qui le déclara non extradable, par deux arrêts. Sous la protection de
notre pays, il put alors y commencer cette " seconde vie " souhaitée par
François Mitterrand. Cette décision de justice de 1991 est définitive. Le droit
de toutes les nations démocratiques interdit en effet de juger par deux fois la
même chose en l'absence d'un fait nouveau. Il interdit aussi d'emprisonner un
homme, jugé en son absence, sans recours à un nouveau procès. En vertu de ces
deux règles fondamentales, Cesare Battisti est juridiquement non extradable.
Tels sont les principes intangibles de notre justice, si
bien que passer outre constituerait un fait exceptionnel, mettant en péril la
sûreté de notre édifice
républicain. Tel est l'engagement de la parole de notre pays, qu'on ne saurait
renier sans y perdre l'honneur. Mais tel ne fut pas l'avis de notre gouvernement
et de notre ministre de la Justice,
Dominique Perben : lorsque le gouvernement italien de Silvio Berlusconi réclama
soudainement ses anciens réfugiés, un quart de siècle après les faits et pour
des motifs de simple stratégie électorale, notre gouvernement osa accepter cet
arrangement, se rendant coupable de trahison éthique et juridique. Dominique
Perben, négligeant les règles de justice dont il est le ministre, promit à son
homologue italien une première livraison d'une quinzaine d'hommes et de femmes.
Et c'est à sa demande que, ce mercredi 30 juin, la même Cour d'Appel de Paris
devra une seconde fois juger le même homme, sur le même dossier. Mensonges
d'Etat et désinformation massive ont cherché à abuser les Français sur les
véritables enjeux de l'affaire Battisti. Mais les mensonges ne durent jamais sous le regard de
l'Histoire : si l'extradition devait être prononcée le 30 juin, si la volonté du
pouvoir parvenait à se substituer à la force de la Justice, l'Histoire saura
que, ce jour, la France reniera son droit et sa parole. Cela, cette blessure
faite à la démocratie et à la vie d 'un homme, il est encore possible de
l'empêcher. Ce combat strictement républicain et citoyen, il est encore possible
de le gagner : en refusant que Dominique Perben ne brise notre Droit en
négociant des vies humaines, en refusant que notre gouvernement ne reprenne sa
parole donnée. Avec la Ligue des Droits de l'Homme, avec France-Libertés, avec des élus, PS, Verts, PC, UMP, des dizaines de milliers de personnes se sont déjà levées pour s'opposer à la dérive humaine et judiciaire qui menace notre pays. Avec eux, luttons le samedi 26 juin, pour la justice, pour l'honneur, et pour la vie d'un homme. Ce sont les mots de l'espoir républicain, les mots de l'humanité que nous devons défendre, toujours. LA RÉPUBLIQUE FRANCAISE DOIT RESPECTER SA JUSTICE ET SA PAROLE |