La
Gazette
Pour le respect de la parole
donnée n°14 – 12/03/04 Les MonstresClaude Mesplède L’attentat de la gare de Madrid vient de faire deux cents morts tout en mutilant et traumatisant à jamais des centaines d’autres personnes innocentes. C’est une nouvelle fois l’occasion d’affirmer qu’aucune cause, aussi juste soit-elle, ne peut justifier les actes terroristes ni la violence armée. Et je doute fort que parmi les 21.000 signataires de la pétition hébergée par Mauvais genres, il y ait beaucoup d’avis contraire. Cela donne d’autant plus de force à notre exigence commune : Cesare Battisti et tous ses camarades italiens exilés en France doivent continuer à bénéficier de l’asile politique tel qu’il leur a été garanti par le président Mitterrand et par tous les gouvernements de gauche comme de droite qui se sont succédés durant presque vingt ans. Je ne suis pas sourd et j’entends comme chacun d’entre nous monter cette rumeur qui affirme que nous défendons un assassin. Ces appels à la haine ont déjà fait des petits. Notre collègue Lilian Bathelot nous a fait savoir que samedi 6 mars au matin, un petit groupe d'hommes bottés et cagoulés a fait irruption dans la mairie de Frontignan. Après avoir intimidé le personnel municipal présent, ces hommes ont affiché des tracts dans le hall de la mairie qui dénonçaient le soutien du maire et du conseil municipal de la ville à Cesare Battisti. De cet événement, chaque lecteur tirera des enseignements. Notamment le fait que certains de nos détracteurs qui prétendent condamner la violence, l’utilisent pour tenter d’intimider ceux qui ne pensent pas comme eux. Aux autres, à tous ceux qui, dans les forums sur le Net ou ailleurs, se complaisent à réciter la liste détaillée des homicides dont est accusé Battisti (liste publiée à plusieurs reprises dans certains journaux) et se moquent de nous qui avons signé. Je pense qu’on peut légitimement demander à ces personnes s’il leur arrive parfois de douter. Et si le fait que Battisti nie ce dont on l’accuse ne les amène pas à s’interroger. Car tout de même, le ministre de la justice a menti dès le départ. Il nous a raconté un gros mensonge en expliquant que la police avait découvert que Battisti était sous le coup d’une demande d’extradition, à l’occasion d’une dispute avec un voisin qu’il avait menacé de mort. Le document que nous publierons dans notre prochaine gazette démontre que rien de tout cela n’est vrai. Personne ne s’est disputé avec Battisti. Son arrestation était préméditée de longue date. Mais ce gros mensonge ne semble pas troubler nos détracteurs que la tentative du ministre de faire rejuger une chose déjà jugée laisse inertes. Le comble c’est que cet homme dont la fonction consiste à faire respecter la loi, semble décidé à la s’asseoir dessus tout en reniant la parole de la France. Je suis allé questionner Cesare Battisti pour savoir comment il vivait ces moments difficiles. Il m’a confié une information intéressante. Dans sa prison, il a reçu de nombreuses lettres dont plusieurs dizaines (une centaine environ) commençaient ainsi : « Monsieur, je ne suis pas de votre camp ; je vote à droite mais j’ai signé la pétition vous concernant dans la mesure où j’estime qu’une parole donnée doit être respectée. » La
réalité dépasse la fiction Le
Maître des nœuds,
écrit par Massimo Carlotto, vient d’être publié aux éditions Métailié. Cet
excellent ouvrage se livre entre autres choses à une réflexion sur la prison, la
privation de liberté, le courage, et émet quelques prévisions pessimistes sur le
devenir des ex activistes des années de plomb exilés en France. Si l’on tient
compte du fait que ce livre est paru en Italie en 2002 et qu’il a été écrit au
moins un an plus tôt, soit 2001, Massimo Carlotto, signataire de la pétition, se
révèle d’une redoutable clairvoyance lorsqu’il écrit : « Ces
nouvelles Brigades rouges puent les barbouzes à plein nez. Ils s'en serviront
contre vous pour régler leurs comptes avec le passé. Tu vas voir combien de
temps ils vont mettre pour foutre en taule les réfugiés de Paris ».
Le texte
qui suit, sous la signature de Wu Ming (un collectif d’écriture de Bologne)
apporte un certain nombre d’éléments propices à la réflexion. C’est pourquoi,
malgré sa longueur, j’ai décidé de le publier. Sa traduction a été effectuée par
Eric et Morena qui indiquent : « il y a deux trois mots que nous
n'avons pas traduits, indiqués par des parenthèses arrondies, parce que nous
n'en saisissions pas le sens dans le contexte. Ce n’est sûrement pas parfait
mais c'est lisible et
compréhensible
Cesare Battisti: ce que les média ne disent pasDe Wu Ming 1 0. Préambule 1. Les lois spéciales 1975-82 2. Terrorisme, conscience, "guerre préventive" 3. Censures et refoulements de la presse dans l'affaire Battisti 4. Le "mal français" 5. "Solution politique" et amnistie « Je ne peux pas cacher mon amertume en voyant émerger à nouveau certaines accusations envers la magistrature italienne qui, comme disait à l'époque Pertini, contribua autant à arrêter le terrorisme, en respectant la constitution et les règles du procès. » Armando Spataro, La Repubblica, 8 mars 2004 « Face à une situation d'urgence [...] Parlement et Gouvernement ont non seulement le droit et le pouvoir, mais aussi le devoir précis et indéclinable de prendre des mesures, en adoptant une législation d'urgence adaptée » Sentence
15/1982 de la Cours Constitutionnelle Après la mise en liberté surveillée de Cesare Battisti à Paris, les média italiens se sont déchaînés, en déversant sur l'opinion publique tout le métal fondu des années durant dans les hauts-fourneaux de la rancœur, de la vengeance, de l'obsession sécuritaire. Il est impossible de faire un compte-rendu de toutes les mensonges et les déformations écrits et transmis cette dernière semaine. Il n'y a pas un article, même bref, qui n'en contienne des dizaines. Même les détails apparemment insignifiants sont faux. Episodes et personnages qui n'ont rien à voir avec l'affaire en question sont jetés dans le chaudron pour troubler le bouillon, déclencher la panique morale, empêcher à tout prix l'usage de la raison. Un tir de sniper médiatique
comme on n'en voyait plus depuis longtemps, auquel il est extrêmement fatiguant
d'opposer des arguments et des éléments concrets, des reconstructions
historiques un minimum approfondies. En même temps, on ne peut
pas renoncer à exercer la raison, on ne peut pas s’accroupir et se couvrir la
tête avec les mains en attendant que passe la bourrasque. Même s’il s’agissait
d’une entreprise désespérée, il faut exercer la raison contre le
fanatisme. Il ne faut pas taire que,
dans ce Pays, celui qui continue à s’opposer aux éclats d’urgences
instrumentales est destiné à se sentir seul : c’est une de ces campagnes où
il faut se garder des deux côtés, à droite (ça va sans dire – en français dans le
texte) et à gauche. Des deux côtés les arguments (même s’il est difficile de les
appeler ainsi) sont les mêmes. La chose ne doit pas
surprendre : parler d’urgence-terrorisme signifie revenir sur des
déformations juridiques, des entorses constitutionnelles et des pratiques
inquisitoriales que le PCI de la fin des années 70 (celui du « compromis
historique » et de la « solidarité nationale ») soutint avec
enthousiasme et abnégation. Les mêmes personnes, aujourd’hui, dirigent le
centre-gauche. Ou plutôt, dirigent cette partie du centre-gauche qui, à la
manière de l’autruche, a mis depuis peu la tête sous le sable irakien, en ne
votant pas contre la participation de l’Italie à l’occupation néo-coloniale de
la Mésopotamie. Les mêmes personnes ont
depuis longtemps délégué à une partie de la magistrature debout les fatigues
d’une opposition au gouvernement B******** qu’elles ne sont pas capables de
mener au Parlement (sauf quand elles refusent de le faire pour poursuivre le
« dialogue », la « responsabilité face aux institutions » et
l’embrouille bilatérale du moment). Nombre de « robes
rouges » (comme les appelle B********) sont les mêmes qui instruisirent et
conduisirent les grands procès contre le terrorisme (vrai et présumé :
passèrent aussi à la moulinette les mouvements sociaux de ces années-là). A
gauche domine toujours la vision de l’histoire de ceux qui écrivirent et
approuvèrent les lois d’urgence et de ceux qui représentaient l’accusation aux
procès qui en découlèrent. Il n’est pas surprenant que
ceux qui prirent et défendirent des positions à l’époque si drastiques soient
peu disposés à y revenir dessus aujourd’hui pour se reconnaître quelque tort ou
du moins pour en remettre en perspective les raisons. Aussi parce qu’à droite on
s’adonne sans pudeur au grand
guignol, on tire les abats à coups d’obusier pour éclabousser de sang tout
le champ de la discussion, on frotte avec les oignons les yeux des spectateurs.
Avec l’arme de l’émotion incontrôlée et du chantage moral, on rappelle à l’ordre
la gauche « réformiste », on la pousse à condamner la gauche
« radicale », à diviser le camp de l’opposition. Comme si les
« réformistes » avaient vraiment besoin d’être
poussés… De cette façon, en revanche,
on condamne le Pays à l’éternelle peur des fantômes du passé, passé qui en
réalité ne passe pas et est évoqué pour des raisons de basse cuisine
politico-électorale. 1.
Les lois spéciales
1975-82 « Ce livre je l’ai écrit
avec rage. Je l’ai écrit entre 1974 et 1978 en contrepoint idéologique à la législation
d’urgence. Je voulais démontrer document à l’appui jusqu’à quel point il était
équivoque de feindre de sauver l’Etat de
Droit en le transformant en Etat Policier .» Italo Mereu, Préface de la
deuxième édition de « Storia dell’intolleranza in Europa », (c’est moi
qui souligne). Celui qui dit que le
terrorisme a été combattu sans renoncer à la Constitution et aux garanties pour
l’accusé, est soit désinformé, soit il ment. La Constitution et la culture
juridique furent démembrées décret après décret, instruction après
instruction. -
Le décret-loi n. 99 du 11/4/1974 porta à
huit ans l’incarcération préventive, véritable « peine anticipée »
contraire à la présomption d’innocence (art. 27, alinéa 2 de la
Constitution). -
La loi n. 497 du 14/10/1974 réintroduisit
l’interrogatoire d’une personne en garde-à-vue de la part de la police
judiciaire, aboli en 1969. -
La loi n. 152 du 22/5/1975 (« loi
Reale ») à l’art. 8 rendit possible la fouille individuelle sur place
sans l’autorisation d’un magistrat, bien que la Constitution (art. 13, alinéa 2)
n’admette « aucune forme de détention, d’inspection ou perquisition
personnelle, ni tout autre restriction de la liberté personnelle, si ce n’est
par acte motivé par l’autorité judiciaire et seulement dans les cas et les modes
prévues par la loi ». A partir de ce moment les
forces de l’ordre purent (et peuvent toujours) fouiller les personnes dont l’
« attitude » ou la présence en un lieu donné n’apparaissaient pas
« justifiables », même si la Constitution (art. 16) dit que le citoyen
est libre de « circuler librement » là où il
veut. La « loi Reale »
contenait de nombreuses autres innovations liberticides, mais ce n’est pas ici
le lieu pour les examiner. Un décret interministériel du 4/5/1977
institua les « prisons spéciales ». Pour celui qui y rentrait la
réforme carcérale de deux ans auparavant n’était pas valable. Le transfert dans
une de ces structures était à la totale discrétion de l’administration
carcérale, il ne fallait pas l’avis du juge de surveillance. Il s’agissait même
d’une aggravation du règlement carcéral fasciste de 1931 : à l’époque, seul
le juge de surveillance pouvait envoyer un détenu dans un établissement
pénitentiaire de haute sécurité (« casa di rigore »). Le réseau des
prisons spéciales devint bientôt une zone franche, d’arbitraire et de négation
des droits des détenus : éloignement de la résidence des familles ;
visites à la discrétion de la direction ; transferts à l’improviste pour
empêcher de socialiser, interdiction de posséder des timbres (prison de
l’Asinara) ; isolement total dans des cellules insonorisées, chacune avec
une courette pour l’heure de promenade séparée des autres (prison de
Fossombrone) ; quatre minutes pour prendre la douche (l’Asinara),
surveillance continue et fouilles corporelles quotidiennes ; privation de
tout contact humain même visuel à travers les interphones et la complète
automatisation des portes et des grilles, etc. Ces lieux étaient ceux où
les prévenus, selon la loi encore innocents, purgeaient l’incarcération
préventive. La Constitution, à l’art. 27 alinéa 3, énonce : « Les
peines ne peuvent consister en des traitements contraires au sens d’humanité et
doivent tendre à la rééducation du condamné ». Vers quelle rééducation
tendait le traitement décrit ci-dessus ? -
La loi n. 534 du 8/8/1977, art. 6, limita
les possibilités de la part de la défense de déclarer nul un procès pour
violation des garanties de l’accusé et, en rendant plus sommaire le système des
notifications, facilita l’amorce des procès en contumace (en contradiction avec
le droit de défense et contre la Convention européenne des droits de l’homme,
qui date de 1954). -
Le « Décret Moro » du 21/3/1978
non seulement autorisa la garde-à-vue de vingt-quatre heures à fins
d’identification, mais élimina aussi la limite de la durée des écoutes
téléphoniques, il rendit les écoutes légales même sans la permission écrite du
magistrat, il les admit comme preuves même dans des procès différents de celui
pour lequel elles étaient autorisées, pour finir il autorisa les écoutes
« préventives », même en l’absence d’indices de délit. Il est inutile
de rappeler que la Constitution (art. 15) définit comme inviolable la
correspondance « et toute autre forme de communication » si ce n’est
par « acte motivé » de l’autorité judiciaire « avec les garanties
établies par la loi ». -
Le 30/8/1978 le gouvernement (violant
l'art. 77 de la Constitution) promulgua un décret secret, qui ne fut pas transmis
au Parlement, et qui fut publié sur "Le Journal Officiel" seulement un an plus
tard. Le décret donnait au général Carlo Alberto Della Chiesa - sans pour autant
lui retirer la charge de garantir l'ordre dans les prisons - des pouvoirs
spéciaux pour combattre le terrorisme. -
Le décret du 15/12/1979 (devenu ensuite la
"loi Cossiga", n. 15 du 6/2/1980)
non seulement introduisit dans le code pénal le fameux art. 270bis[1], mais autorisa aussi , pour
les délits de "conspiration politique par le biais d'association" et d'
"association de malfaiteurs", la garde-à-vue préventive d'une durée de 48
heures, plus 48 heures supplémentaires à disposition pour justifier les mesures
prises. Pendant quatre longues journées un citoyen, suspect d'être sur le point de
conspirer, pouvait demeurer à la merci de la police judiciaire sans pouvoir
en informer son avocat. Pendant cette période il pouvait être interrogé et
fouillé, et dans de nombreux cas on a parlé de violences physiques et
psychologiques (Amnesty International protesta plusieurs fois). On retrouve tout
cela à l'art. 6, une mesure extraordinaire qui dura un an. L'art. 9 de la loi rendait
possibles les perquisitions "pour cause d'urgence" même sans mandat. La
Constitution, art. 14, énonce: "Le domicile est inviolable. On ne peut pas y
exécuter des inspections, des perquisitions ou des saisies, sauf dans les cas et
les modes établis par la loi selon les
garanties prescrites pour la tutelle de la liberté personnelle" (c'est moi
qui souligne.). De quelle tutelle de la liberté s'agit-il dans un système qui
légalise l'arbitraire, le harcèlement du policier, la faculté de décider sur le
moment si pour une perquisition un mandat est nécessaire ou
pas? A l'art. 10, les limites de
l'incarcération préventive pour délits de terrorisme étaient étendues d'un tiers
pour chaque degré de jugement. De cette façon, jusqu'en Cassation, on pouvait
atteindre les dix ans et huit mois de détention en attente de jugement! A l'art. 11, on
introduisait un grave élément de rétroactivité de la loi, en ordonnant
d'appliquer les nouvelles limites de l'incarcération préventive également aux
procédures déjà en cours. Le but était clair: empêcher que soient dépassées les
dates butoir et que des centaines d'enterrés vivants attendent le jugement en
liberté. -
La "loi sur les repentis" (n. 304 du
29/5/1982) couronna la législation d'urgence en octroyant des remises de
peine aux "repentis". Le texte parlait de "repentir sincère": nous revoilà aux
"tribunaux de la conscience", à l'Inquisition. Dans un livre beaucoup cité ces
derniers jours (sur le Net, certainement pas dans les média traditionnels),
Giorgio Bocca se demandait qui pouvait bien être le "repenti": "Quelqu'un qui
par convictions politiques a rejoint le parti armé et puis qui, par revirement
politique, s'en est dissocié au point de le combattre, ou n'importe quel
aventurier qui s'amuse d'abord à tuer son prochain et après, une fois capturé,
se soustrait à la punition en dénonçant tout et tous?" Je cite "Elio e le storie
tese": "Je pencherais pour la seconde
hypothèse/parce qu'en émane une odeur nauséabonde" (tiré de la chanson
"L'urne", de 1992). Bocca poursuivait: "Sont-ils
des terroristes repentis ces petits chefs du terrorisme diffus qui ont d'abord
manipulé des collégiens, les ont convaincus de s'enrôler et qui après les ont
dénoncés pour jouir des clémences juridiques? Sont-ils des repentis sincères
ceux qui à défaut de sérieux motifs de délation les inventent? [...] L'état de
droit n'est pas la morale absolue, l'observance rigoureuse des lois en toute
circonstance, mais plutôt la distinction et le contrôle réciproque des
fonctions. Dans l'état de droit la police peut excéder dans les méthodes
inquisitoriales, mais le citoyen peut raisonnablement compter sur le contrôle du
juge à l'égard du policier. Mais si on accepte par la loi sur les repentis et
assimilés que le juge et le policier soient la même chose, quel contrôle
sera-t-il possible? Toutefois, on dit que la loi sur les repentis a été
efficace, qu'elle a permis des centaines d'arrestations et la fin du terrorisme.
Cela veut dire prendre les effets pour la cause: ce ne sont pas les repentis qui
ont vaincu le terrorisme, mais la défaite du terrorisme qui a créé les repentis.
Il faudrait se demander si la loi a été profitable ou non à ce bien suprême
d'une société démocratique représenté par le système de garanties. La réponse
est que les dégâts ont été supérieurs aux avantages, même si une opinion
publique indifférente au thème des garanties, jusqu'à ce qu'elle ne soit
directement et personnellement frappée, feint de ne pas s'en apercevoir. C'est
un fait qu'une partie considérable de la magistrature debout s'est laissé
séduire par les résultats faciles et éclatants du système des repentis, qu'elle
a pris pour argent comptant les déclarations des repentis jusqu'à renverser les
fondements du droit, les preuves ont été remplacées par les rumeurs. Des grands
procès ont été bâtis sur la base des déclarations des repentis, des centaines
d'arrestations effectuées avant de rassembler les preuves. Un magistrat italien
a pu déclarer à une radio française à propos de l'affaire Hyperion: 'Je n'ai pas
les preuves mais je les trouverai'. Hommes politiques, enseignants, moralistes
ne se sont pas préoccupés des conséquences inquisitoriales de la loi, de la
chaîne infernale des délations incontrôlables qu'elle aurait déclenchées. La
réaction des victimes de la délation a été, comme on pouvait le prévoir, féroce,
une série de cadavres 'infâmes' a été ramassée après coup par le personnel
carcéral, selon la loi barbare de nos prisons. Dans la fosse aux serpents tout
est possible et rien n'est vérifiable." Je m'excuse pour la longueur
de la citation mais je crois qu'elle en vaut la peine. La Cour Constitutionnelle ne
put nier que toutes ces lois étaient anticonstitutionnelles: simplement elle
décida que, "vu l'urgence", c'était bien comme ça. Ponce Pilate a encore les
mains dans la bassine. Il n'y a pas de mauvaise mémoire publique qui puisse refouler cette réalité, il n'y a pas un ex-Ministère Public qui arrive à me faire accepter cette barbarie au nom de la "Raison d'Etat", aucune gauche légaliste ne pourra jamais me convaincre du bien-fondé de tout cela. 2.
Terrorisme, conscience,
"guerre préventive" "Est-ce vraiment l'état d'âme, la pensée cachée et non exprimée, la désobéissance intérieure qui deviennent objet d'enquête puisque c'est bien cela que le juge aspire à vérifier? En effet, dans les procès de ces dernières années ont été soumis à l'évaluation du juge pénal des comportements tels que la création d'un collectif de travailleurs opposé au syndicat; l'organisation de séminaires autogérés; la collaboration, par le biais d'un article au contenu licite, à un périodique lié à une structure associative considérée comme illicite; l'intervention dans une assemblée universitaire et, plus généralement, les rapports interpersonnels dont l'expression a été l'échange de documents politiques, de lettres, de coups de fil, etc., tous ayant un contenu pénalement insignifiant." Antonio Bevere, "Processo penale e delitto politico, ovvero della moltiplicazione e dell'anticipazione delle pene", in Critica del diritto n. 29-30, Sapere 2000, aprile-settembre 1983. La Constitution, à l'art.
27, alinéa 1, dit que "la responsabilité pénale est
personnelle". Pourtant notre code pénal
(qui remonte au fascisme et qui empira sur plusieurs points à l'époque des lois
spéciales) foisonne de délits comme le "concours moral" ou l' "adhésion
psychique" au délit, ainsi que de toute forme de délit associatif qu'on puisse
imaginer entre ciel et terre. Une grande partie des
instructions sur le terrorisme travaillaient surtout sur ces éléments, ainsi que
sur les soupçons et les intentions (le fameux "être sur le point de"), sur une
idée excessivement étendue du concours, de recel, des
contiguïtés. On arriva à théoriser le
"dessein terroriste" comme subsistant "au-delà du but immédiatement poursuivi
par l'agent (homicide, endommagement etc.)" et à le définir "délit à forme
libre" dont le dol spécifique "offre l'élément unificateur et l'essence des délits terroristes" (c'est
moi qui souligne)[2]. Bref, c'est le but qui est
terroriste, la fin ultime, même en faisant abstraction des faits concrets. Ce
n'est pas étonnant si dans beaucoup de cas on finit par faire le procès de la
personnalité des accusés et de leur idéologie, cette dernière pouvant être
identifiée à leur amitié avec Pierre et Paul, ou à l'hospitalité offerte à
Jacques. On est terroriste, indépendamment de ce
qu'on fait. C'est l'intention qui est terroriste, contre laquelle il faut mener
une "guerre préventive", ce qui est typique de la société de contrôle. Il y a
"conspiration" même si elle n'a pas abouti. On peut être poursuivi pour
"insurrection" même si l'insurrection n'a pas eu lieu: comme l'a dit Pietro
Calogero, il s'agit d'un "délit à consommation anticipée", c'est-à-dire - en
deux mots - le vrai délit est de la
vouloir, l'insurrection. Tribunaux de la conscience. Je ne suis pas juriste,
pourtant j'ai l'impression de pouvoir saisir le noyau idéologique (...) de cette
idée contemporaine de "prévention" Outre-Atlantique, dans l'Anti-Riot Act du 11 avril 1968, conçu
et utilisé contre les mouvements afro-américains et les mobilisations pour
mettre fin à la guerre au Vietnam. Cette loi punit qui, pendant un déplacement
sur le réseau routier interétatique, ou pendant l'utilisation d'infrastructures
du réseau routier interétatique, commet des actes finalisés à "inciter,
organiser, promouvoir, encourager, participer et mener une émeute [riot]", ou aide quelqu'un à une telle
incitation. Selon la loi américaine, un riot est un rassemblement de cinq
personnes ou plus qui, en se comportant de façon violente ou en menaçant de le faire, mettent en
grave danger les personnes et les biens. En résumant, certains
membres des mouvements américains furent soumis à une enquête, jugés et
condamnés pour avoir voyagé sur des routes interétatiques avec l'intention d'aider quelqu'un à provoquer un rassemblement de cinq
personnes ou plus qui menacent de se comporter de façon à causer des dommages à
la propriété. J'espère que la perception de la grande distance qui sépare la
personne du délit présumé soit claire. Qu'il soit clair que je ne
suis pas en train de dire que tous les accusés des procès pour terrorisme
étaient étrangers aux faits concrets, loin de là. Cependant, beaucoup de
personnes ont été poursuivies et condamnées non pour des actes spécifiques mais
plutôt au nom d'une idée abstraite de "spécificité terroriste". Le proverbial
"procès d'intention" devint une réalité grâce à la Raison
d'Etat. Les effets de cette
déformation sur l'opinion publique perdurent jusqu'à
aujourd'hui. Ce n'est pas un hasard si ce
qu'on reproche le plus à Cesare Battisti est de ne pas "s'être
repenti". Ce n'est pas un hasard si la
croissante "monstrification" médiatique de Cesare Battisti fait désormais
abstraction des délits pour lesquels il fut condamné et se concentre sur sa
personnalité et son style de vie (d'aujourd'hui et non de l'époque), on l'accuse
d'être un "lâche" parce qu'il s'est enfui, d'être un "fourbe" parce que "le
lobby des écrivains de gauche" le protège, on l'agresse avec des flashes à sa
sortie de prison afin d'arracher l'image "étrange", figer la grimace fugace et
la balancer en première page pour montrer qu'il est "affreux, sale et
méchant". Un journaliste de L'Unità se demande: "Mais est-ce que
Cesare Battisti est toujours convaincu que tuer le boucher Lino Sabbadin ou le
joaillier de banlieue Pierluigi Torregiani a été un acte révolutionnaire?". Dans
un Pays laïc, réellement régi par une culture du droit et des garanties, la
"conviction" de Battisti, la pseudo-enquête psychique sur son "repentir" serait
un non-thème, elle serait totalement sans influence. 3.
Censures et refoulements de
la presse dans l'affaire Battisti Mon objectif n'est pas de
démontrer que Cesare Battisti est innocent. Ce n'est ni à moi ni à l'opinion
publique de juger. Ce que je tiens à faire comprendre est que la façon dominante
de traiter cette affaire souffre de toutes les déformations, les vices de
procédure et les nœuds inextricables de la période de l'urgence. Ce sont ces
éléments, dont on ne peut pas faire table rase, qui empêchent une confrontation
rationnelle, laïque et constructive. Les reconstructions hâtives de l'affaire
judiciaire de Cesare Battisti parues dans la presse italienne sont très
éloignées de la réalité des faits, et même en contradiction avec les actes des
instructions et des procès. Si même un des Ministères Publics de l'époque glisse
dans sa lettre ouverte des erreurs grossières, en écrivant par exemple que le
joaillier Torregiani avait tué un braqueur dans sa propre boutique plutôt qu'au
restaurant "Transatlantico"[3], vous pouvez imaginer les
simples commentateurs de versions de quatrième main. Tout le monde, mais
vraiment tout le monde, répète que Cesare Battisti tira sur Torregiani et son
fils de treize ans, condamnant ce dernier au fauteuil roulant. Alberto
Torregiani a été interviewé par les chaînes télévisées qui l'ont présenté comme
"victime de Cesare Battisti". Pourtant, aux dires du même
ex-Ministère Public, Battisti n'appartenait pas au commando qui tua Torregiani[4]. Battisti a été condamné
pour avoir "conçu" et/ou "organisé" ce délit, conclusion très difficile à
démontrer, entièrement fondée sur des preuves par présomption et des témoignages
de "repentis". C'est une des choses qui fait tiquer en France, autant à la
Justice qu'à l'opinion publique. Battisti est désigné par des "repentis" comme
également responsable de deux homicides qui ont eu lieu le même jour à la même
heure. Face à l'évidente impossibilité logique, le cadre se modifie au point de
le rendre l'exécuteur matériel de l'un (délit Sabbadin) et le "concepteur" de
l'autre (délit Torregiani). En outre, il est considéré comme également
responsable de dizaines et dizaines de braquages, et plus généralement de tous
les délits commis par l'organisation dont il faisait partie, les Prolétaires
Armés pour le Communisme (groupe à l'existence plutôt
brève). Qui ignore combien notre
droit (surtout celui de l'urgence-terrorisme) est enkysté de contiguïtés,
complicités et "coparticipations" de nature variée s'étonne et ne peut trouver
que contradictoire le tableau peint par la sentence. Mais je ne mène pas une
contre-enquête, ce que je tiens à demander est pourquoi, face aux énormes
idioties des média sur le rôle de Battisti dans le délit Torregiani, le dottore Spataro n'a pas agi dans
l'intérêt d'une information correcte et d'une plus grande compréhension des
faits, en prenant papier et plume et en précisant "Attention, cette chose n'est
pas vrai"? Pourquoi, tout en sachant très bien que Battisti n'a jamais tiré sur
un gamin sans défense, Spataro n'a pas démenti l'information hurlée par les
chacals? Est-il convaincu d'avoir rendu honneur à la fonction publique qu'il
exerce en se comportant d'une façon aussi réticente? Le directeur d'un journal
raciste, lors d'une émission télé, a crié, en appuyant sur la pédale de
l'hystérie et en décrivant le guet-apens comme encore plus vil que ce qu'on peut
imaginer, que "Battisti tira dans le dos du bijoutier Torregiani". Mais Battisti
n'était pas là, le dottore Spataro
nous le confirme. En outre, Torregiani - qui portait un gilet pare-balles -
affronta le commando et répliqua aux tirs. Ce qui rend la tragédie plus amère
c'est qu'une de ses balles frappa son fils Alberto. Un soir auparavant,
Torregiani et un de ses clients, nommé Lo Cascio, dînaient au "Transatlantico".
A un moment donné deux braqueurs armés sont entrés en pointant leurs pistolets
contre les clients et ont commencé à les dévaliser de leurs portefeuilles,
bijoux, etc. En se comportant d'une manière que je définirais - par euphémisme -
"peu prudente", Torregiani et Lo Cascio dégainèrent leurs pistolets et
déchaînèrent une fusillade pendant laquelle, outre un braqueur, mourut un
client, qui serait toujours vivant si tout le monde avait gardé son sang-froid
au lieu d'essayer de se faire justice soi-même. Cet épisode ne justifie
d'aucune façon la justice sommaire des PAC, d'autant plus que si Torregiani
était coupable de justice sommaire, en lui administrant la même médecine et en
frappant un innocent on a fait que répéter ce qu'il avait fait au
restaurant. Mais justement, étant donné
qu'il n'y a aucun risque de justifier l'attentat, pourquoi soustraire à
l'épisode les éléments du contexte? Pourquoi dissimuler le premier maillon de la
chaîne des événements? Peut-être parce que Pierluigi Torregiani ne peut pas être
décrit comme un être humain, avec ses contradictions et ses tragiques erreurs,
mais seulement comme un "héros bourgeois", un saint défenseur de la propriété,
un chevalier immaculé, de manière à faire apparaître Battisti encore plus
sanguinaire et monstrueux? Et pourquoi encore omettre
de citer les protestations de Amnesty International concernant la façon dont
furent traités les suspects dans l'instruction Torregiani durant la garde-à-vue?
Amnesty International utilisa le terme sans équivoque de "torture". Avait-elle
raison? Avait-elle tort? En refoulant, nous ne le découvrirons
jamais. 4. Le "mal
français" "Mais comment se
permettent-ils ces Français? Pensent-ils de pouvoir nous donner des
leçons?" Voilà un des leitmotivs de
ces jours-ci. La rancoeur à l'encontre de
l'opinion publique française qui ne veut pas nous rendre un "boucher", un
"monstre". Comme ils sont suffisants, les "cousins"! Ils sont fous ces
Gaulois. Au lieu d'essayer de
comprendre le point de vue d'autrui, on donne pour évident et indiscutable que
nous avons raison "nous". Et on ne se rend pas compte que, pendant que nous les
accusons de s'occuper de nos affaires "à nous", en réalité c'est nous qui nous
mêlons de leurs oignons. On ne comprend pas pourquoi les Français devraient
renoncer à une coutume juridique vieille de plusieurs dizaines d'années, la
dénommée "Doctrine Mitterrand" (qui en réalité a été respectée même par les
gouvernements de droite), juste parce que leur ministre Perben a passé un accord
avec notre ministre C*******. Si le ministre de la justice
chinois, ou birman, à la barbe de la loi italienne qui interdit l'extradition de
personnes condamnées à mort dans leur pays, obtenait de C******* l'arrestation
et l'extradition d'un réfugié (appelons-le Chèsáré Xiliren), ne réagirions-nous
pas avec force? Et s'il venait à notre
connaissance qu'un tribunal italien a déjà examiné la situation de Xiliren en
1991, en donnant un avis contraire à l'extradition, et qu'aucun élément nouveau
ne justifie une deuxième arrestation et un réexamen après treize
ans? Et si, en plus, dans notre
Pays Chèsáré Xiliren n'avait jamais au grand jamais commis un délit, ayant au
contraire une conduite impeccable et contribuant même à la culture
nationale? Cet exemple présente un défaut: la Chine et la Birmanie ne sont pas dans l'Union Européenne. En fait, beaucoup de rancoeur à l'égard des Français se fonde sur l'idée que les "cousins" entravent la formation de "l'espace juridique européen". Une telle critique vient d'un Pays, le nôtre, plusieurs fois sujet aux critiques et aux condamnations de la part de la Cour de Strasbourg. Un Pays qui pendant plus de quarante ans n'a pas respecté la Convention européenne en ce qui concerne les condamnations par contumace et qui durant et après le G8 a gardé en détention des citoyens européens sur la base d'accusations invraisemblables, en s'attirant même la protestation officielle du gouvernement autrichien. En outre, à l'heure actuelle l'Italie détient le record du gouvernement le plus "anti-européiste" et a fait rire tout le monde du matin au soir pendant le semestre de la présidence de l'UE. Croyons-nous vraiment pouvoir critiquer qui que ce soit sur ces questions? Ensuite, il y a ceux qui
disent que les Français ne sont tendres qu'avec les terroristes des autres. Au
contraire, les leurs ils les traitent mal. Sans aucun doute. Malgré les
déformations des média de chez nous, la France n'est pas un pays où on te
félicite en te tapant sur l'épaule si tu t'adonnes à la lutte armée. Ils te
mettent en prison, comme ça se passe partout dans le monde. La conclusion la
plus simple à en tirer serait donc que la gauche française ne défend pas
Battisti parce qu'il est un terroriste, mais malgré qu'il l'ait
été. L'opposition à l'extradition
dépasse largement Battisti et son parcours personnel (bien qu'il soit opportun
de faire remarquer que depuis trente ans il n'a commis aucun crime et qu'il n'a
aucun lien avec les nouveaux groupes de la lutte armée). La campagne va bien au-delà,
pour les Français il s'agit de défendre un principe, celui du droit d'asile, et
un point d'honneur, celui de la parole donnée par Mitterrand à nos compatriotes
réfugiés dans l'Hexagone. 5. "Solution politique" et
amnistie Il a fallu un écrivain
français, Daniel Pennac, pour réussir à parler d'amnistie sur les pages d'un
quotidien italien. Probablement un de nos compatriotes n'aurait jamais réussi à
dépasser certains "filtres". Pennac, interviewé par un quidam, a dit: "Avec la République
l'amnistie est devenue quelque chose de nécessaire à la conception républicaine
de la paix sociale. Il y a l'exemple de la Commune, mais plus près de nous il y
a aussi l'amnistie des membres de l'O.A.S. qui ont combattu avec les bombes et
la violence contre l'indépendance algérienne. Pourtant quatre ans après la fin
de la guerre ils ont été amnistiés. Ils étaient d'extrême-droite, ils ont tué
(...) mais il fallait les amnistier [...] L'amnistie est le contraire de
l'amnésie. Il s'agit de fermer une porte pour permettre aux historiens de
comprendre une période de façon moins passionnelle. Il m'est difficile de
l'admettre sentimentalement, surtout si on songe aux victimes. Le problème ne
doit pas toutefois être abordé du point de vue affectif". C'est une invitation tombée
dans l'oreille d'un sourd, dans ce Pays il ne faut affronter certaines choses
qu'à coups d'émotions et de psychologie des foules. On produit encore de
l'hystérie sur les années 40, sur les "foibes", sur l'"épuration par le bas" des
fascistes organisée par Volante Rossa
et des groupes similaires, vous vous figurez si on peut déclencher le débat sur
l'urgence sans refouler tout ce que nous venons d'exposer. Spécialement
aujourd'hui, avec l'opposition à B******** derrière les sacs de sable des
tranchées judiciaires (un beau cadeau, avec plein de rubans, d'un certain
leadership "girotondiste"). Pourtant il faut tenter. Je
ne crois pas exagérer en affirmant que ce Pays ne pourra jamais changer en mieux
sans repenser ce qui s'est passé pendant les années 70. Et seulement après une
amnistie des derniers prisonniers et réfugiés de ce que la culture dominante
appelle les "années de plomb", seulement après la solution politique d'un
problème qui fut et demeure politique et pas seulement criminel, on peut espérer
de comprendre les ce qui s'est passé et comment ces événements ont conditionné
la vie publique italienne. Bologne, le 8-9 mars
2004 Traduit de l'italien par
Morena Negri et Eric Meary Retrouvez la Gazette lundi
15 mars La Gazette : http://cesarebattisti.free.fr L’ami
Patrick Mercado m’a transmis l’anecdote suivante qui en ces temps de disette
pour la recherche française, ne manque pas de sel. En
2002, dans le monde entier, on a dépensé cinq fois plus d'argent pour des
implants mammaires et du Viagra que pour la recherche contre la maladie
d'Alzheimer. On peut donc conclure que dans 30 ans, il y aura un très grand
nombre de personnes avec de gros seins et de superbes érections, mais incapables
de se rappeler à quoi ça sert !
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