La
Gazette Liberté pour Cesare Battisti
n°11 –
29/02/04 injustement emprisonné depuis 20
jours Romain
Slocombe Le Roman noir est le cri du perdant qui ne veut pas perdre la mémoire (Cesare Battisti) BILLET
D’HUMEUR Marianne,
reviens, ils sont devenus fous ! par
Jérôme Leroy
Depuis
quelques jours, aussi, un souvenir professionnel me revient. Il y a une dizaine
d’années, je surveillai les épreuves du Brevet des Collèges et avant que les
candidats ne commencent à composer, je passai dans les rangs pour vérifier les
pièces d’identité. Une jolie cambodgienne me tendit un document en tout point
semblable à un passeport, à l’exception de la couleur. C’était un Titre de
réfugié politique. Sur la page de garde, était écrit en italique quelque chose
comme : « La république française offre asile et protection à tous
ceux qui par le monde sont persécutés par le despotisme ». Et c’était signé
L’Assemblée Constituante, suivi d’une de ces dates si poétiques de la Révolution
avec des mois qui avaient des noms comme fructidor ou nivôse. Il y a de ces
moments où, aussi absurde que ce soit ce sentiment, on est soudain très heureux,
très fier d’appartenir à un pays avec de telles traditions.
Mais
voilà, Cesare Battisti est en prison. Et je ne suis plus fier du
tout. Je réclame donc pour lui
asile et protection contre le despotisme, surtout celui de Berlusconi, big
brother maffieux, et contre mon propre gouvernement qui n’a plus de républicain
que le nom. Marianne, reviens, ils sont
devenus fous ! Jérôme Leroy, dernier roman paru « bref rapport sur
une très fugitive beauté » (Belles Lettres) Ça y est… La Gazette a son
site Lisez les précédents
numéros Contactez les sites qui agissent
avec nous pour la libération de Cesare
Battisti http://cesarebattisti.free.fr/ RASSEMBLEMENTS TOULOUSE LUNDI 1er
MARS PLACE
ESQUIROL MANIFESTATION A 18
heures ECRIRE A CESARE Cesare Battisti - N° d'écrou 282 069 X - 1ère division Prison de la Santé - 42, rue de la Santé - 75014 Paris. C'est important de le faire, même brièvement, car ça lui fait ressentir l'ampleur du soutien et ça permet à l'administration de la jauger elle aussi. SOUTIEN FINANCIER Cet argent servira notamment au paiement des avocats. En effectuant un versement à Valentine Battisti BNP Paribas 30004 01861 00001268951 84 ou en envoyant un chèque à Valentine Battisti,159 rue du Château des Rentiers - 75013 Paris OÙ
SIGNER ? 06. Nice :
AdN - Collectif St Jean d'Angely - avenue des Diables bleus 64 : Bayonne :
Cinéma L’Atalante, 7 rue Denis Etcheverry 80. Amiens : Librairie du
Labyrinthe
ARTICLES ET COMMUNIQUES
Jeudi 26 février, à Plaisance du Touch (Haute Garonne) où j'habite depuis vingt-six ans, le conseil municipal a entendu une communication sur l'arrestation de Cesare Battisti, présentée par Claude Minut (Maire-adjoint, PC). Après une courte discussion, le maire Louis Escoula (conseiller général PS) et la majorité du conseil municipal (PS & PC) ont adopté une motion qui exige la libération de Cesare et sa non-extradition. Les élus verts ont voté pour tandis que les trois élus de droite votaient contre. Claude Mesplède À Toulouse, Martin Malvy (PS), président du conseil
régional de Midi-Pyrénées a signé la pétition pour la libération de Battisti. Le
premier secrétaire de la fédération PS de Haute Garonne a lui aussi signé la
pétition. À l’issue de la conférence de presse tenue le jeudi 26 février, Claude
Mesplède est intervenu sur les ondes de France Info et de Radio Mon Pais. Il est
également intervenu vers minuit quarante-cinq sur France Inter à l’émission de
Sophie Loubière et a pu exposer l’affaire Battisti. Maxime Vivas a exposé cette
affaire le vendredi devant l’assemblée générale d’Attac Toulouse en invitant les
participants à signer la pétition. Il a été très applaudi. Enfin, samedi
après-midi, Claude Mesplède, a été invité à prendre la parole devant l’assemblée
des communistes de Midi Pyrénées, réunis avec Marie-George Buffet. Pendant une
dizaine de minutes, il a pu présenter l’action du comité de soutien toulousain
et appelé à la manifestation de lundi Réunis le 25 février 22
membres, dont 4 prêtres, du "Service Incroyance et Foi" de Nîmes (structure de
dialogue entre croyants et incroyants) ont signé à l'unanimité la pétition de
Mauvais genre. A noter la présence parmi eux du responsable national du SIF.
Jean-Claude RENOUX
Bernard Strainchamps communiqueJe lis partout que l'on récolte des signatures papier pour la libération de Cesare Battisti. Mais ces signatures sont-elles saisies dans le formulaire de la pétition : http://www.mauvaisgenres.com/peti/index.php Il le faut, car mercredi pour le jour J, et ce serait bien que le compteur affiche 20000 ! Ce soir, il n'est qu'à 14000 !Si les dépôts n'ont pas Internet, prière de me faire parvenir par courrier les pétitions : Bernard Strainchamps, 11, rue Maurice Ravel 91000 EVRY Comité
pour la libération de Césare Battisti, Marseille NICE solidaire de Cesare Battisti
Pour les 20.000 pour le 3 mars Venez nombreux à
l’audience du 3 mars 2004 à
14h 1ère chambre de
l’instruction Palais de Justice de
Paris suite à la demande de mise en
liberté de Cesare
Battisti S’il est évidemment indispensable de soutenir de plus en plus Cesare, n’oublions pas de le lire, de le relire et de le faire lire ! Voici
quelques morceaux que j’ai choisis dans son œuvre et qui résonnent avec sa
situation actuelle. En toute subjectivité. Olivier Douyère « On manifestait presque tous les jours. Dans les rues, les écoles, les usines. On trouvait même le moyen de revendiquer dans les cimetières. L’Etat était fasciste et on traitait les flics de SS. A nous entendre, on était revenu au temps de l’occupation allemande. Sauf que les murs de la ville étaient tapissés de slogans et que le rock hurlait sur les trottoirs. Nous étions nombreux à confondre guitare et mitraillette. La faute en incombait aux carabiniers qui se montraient plus sensibles au sifflement des balles qu’aux fleurs des hippies. » (« Le cargo Sentimental », page 50,
éditions Joëlle Losfeld, 2003) « Je ne crois pas avoir eu l’intention de me
mettre sur le même plan que les résistants. La différence sautait aux
yeux : ils subissaient l’occupation nazie et fasciste, tandis que nous,
nous avions la démocratie chrétienne, le parti communiste… Des élus du peuples
protégés par des carabiniers. Mais, à regarder de plus près, Hitler et Mussolini
avaient eux aussi remporté démocratiquement des élections même si on les
assimile aujourd’hui à deux « putschistes ». (« Le cargo sentimental, pages
63/64) « Ma vie n’avait pas changé pour autant.
Comme je l’ai déjà dit, on ne troque pas son statut du jour au lendemain. Il
m’arrivait de plus en plus souvent de penser aux années 70 comme à une lutte qui
n’était pas séparée d’un processus historique global. En substance, cela
signifiait deux choses : primo, je n’étais pas seul, secundo, on était
nombreux à avoir perdu ». (« Le cargo sentimental, page
76) « Autrefois, on disait que, pour ceux d’en
bas, il était difficile de remonter la pente. Et pourtant, je n’y voyais rien de
compliqué : il y avait d’un côté les amis et de l’autre les ennemis. Bon
d’accord, les uns étaient pauvres et les autres riches, mais cela ne dépendait
pas de moi. Il n’y avait qu’à dire à ceux d’en face qu’on en avait assez, nous,
d’être toujours les ennemis. Où était le problème ? « Le cargo sentimental, page
196) « Les histoires qui s’achèvent avec la
prétention d’avoir tenu les promesses du départ appartiennent à la démagogie des
vainqueurs. Les vaincus, eux, traînent leurs promesses jusqu’à la tombe. Quant à
ma propre histoire, j’ai fini par m’en dépouiller. Une fois expulsées les
cellules cancérigènes, les maladies prennent la voie de la guérison. J’ignore le
moment précis et les raisons qui m’ont poussé à imprimer un tournant à ma vie,
mais j’ai probablement compris (…) que j’étais arrivé au terminus, et cela a
constitué mon salut. J’ai échappé au boyau mortel dans lequel je m’étais
fourvoyé par un simple glissement de l’angle sous lequel j’observais les choses.
Improbable, direz-vous, mais cela arrive. Tout le monde n’a pas eu ma
chance ». (« Dernières cartouches, page 13, éditions
Joëlle Losfeld, réédition chez Rivages/Noir) « Je connaissais déjà la prison. J’y avais
déjà effectué déjà plusieurs séjours, j’en possédais les règles élémentaires. Je
savais que ce ne serait pas l’orgueil tapageur des compagnons emprisonnés, parés
du titre ronflant de prisonniers politiques, qui me permettrait d’en sortir.
Alors je sommeillais ». (« Dernières cartouches, page
145) « Je sais depuis longtemps que jouer les durs
est aussi pesant que d’endosser un gilet pare-balles, mais il y a des
circonstances où on ne peut pas l’éviter. Ensuite, le matin, on s’éveille seul
et avec un goût de métal au fond de la bouche et on ne doit pas s’en
étonner ». (« L’ombre rouge », page 207, Série
Noire, Gallimard) « - Monsieur ? -
Un aller-simple s’il vous
plaît. -
Pour où,
monsieur ? -
Pour
loin. » (« L’ombre rouge », page
303) « A quoi ça sert le paradis en étant mort, à
quoi ça sert la gloire en étant vivant, si la gloire est très loin de… chez
nous ». (correspondance personnelle, juillet
1988) |